Selon le Larousse, un cadeau est une « chose qu'on offre à quelqu'un pour lui faire plaisir ». Même si, d'après le code pénal, l’animal est un bien mobilier, peut-on le considérer ainsi tout en ayant sa conscience tranquille ? Un animal n’est ni un jouet ni un vêtement, c’est un être sensible qui ressent des émotions, qui souffre, qui vit… comme nous.
L’arrivée d’un animal est aussi bouleversante que celle d’un bébé : c’est tout notre quotidien qui s’en trouve transformé. L'adopter c'est, entre autres, s'engager en termes de durée, d’affection et d’argent. C'est une grande responsabilité qui implique des devoirs et des contraintes. C’est une décision qui ne doit pas être prise sur un coup de tête mais qui doit être mûrement réfléchie.
Noël : le bon moment ?
Fêtes, déplacements, excitation : rien n’est réuni pour accueillir un animal correctement. Une arrivée dans un nouveau foyer est toujours source de stress et de peur pour un animal qui perd tous ses repères. Son arrivée dans ce nouveau monde serait alors doublement stressante (et on le comprendrait !).
Quelques points à aborder
* Qui va le sortir quotidiennement, même par temps froid et pluvieux ?
* Qui va ramasser ses excréments ?
* Qui va le brosser, le laver et le soigner ?
* Qui va s’occuper de lui tous les jours et ce pendant une quinzaine d’années ?
L’acquisition d’un être vivant sous-entend d’être responsable. Il est évident qu’un enfant ne peut assumer cette charge : c’est aux parents de s’occuper du chien. L’enfant peut juste, selon son âge, aider à certaines tâches… et toujours sous surveillance d’un adulte.
L’arrivée d’un animal implique certaines responsabilités principalement financières
Vaccin
Tatouage/puce
Vermifuge
Soins vétérinaires
Toilettage (selon la race)
Gardes (vacances, week-end)
Accessoires nécessaires pour son confort (jouets, panier, friandises, collier, laisse…) et pour voyager (cage de transport, filet de protection…)
Un animal pour qui ?
Pour l’enfant de minimum 3 ans, il y a quelques règles de base à suivre impérativement pour une cohabitation sans risque et pour éviter un abandon :
* Ne pas l’embêter, lui faire peur.
* Ne pas lui faire mal (lui tirer les poils, la queue, les oreilles, lui mettre les doigts dans les yeux, lui monter dessus, le frapper…).
* Ne pas jouer ou courir en sa présence et à proximité de ses lieux de couchage et de prise de nourriture.
* Ne pas crier, s’agiter, s’énerver.
* Le laisser tranquille quand il s’est retiré dans son lieu de repos.
Astuce !
Si l’on souhaite réellement offrir un chien à son enfant, allons d’abord dans un refuge pour le mettre en contact avec les animaux et voir sa réaction. Non seulement ce sera un bon test pour s’assurer de sa motivation mais, en plus, on fera une bonne action en permettant à ces chiens de se faire promener !
Il est tentant de vouloir offrir un animal à une personne âgée pensant qu’elle aura une compagnie, mais est-ce réellement une bonne idée ?
Va-t-elle avoir assez d’énergie pour assurer les promenades quotidiennes, séances de jeux, éducation (propreté, mordillements, destruction…) ?
Va-t-elle supporter tous les frais que cela implique (nourriture, hygiène, soins, sorties, jeux…) ?
En cas de placement anticipé dans une maison de retraite ou de décès, que devient l’animal ?
Qui le prend en charge ?
Ce « cadeau » peut également ne pas plaire…
Race, couleur, sexe, âge et comportement (joueur ou timide, câlin ou indépendant, craintif ou tête brûlée, silencieux ou aboyeur, destructeur ou sage) : tous ces facteurs peuvent décevoir la personne qui va l’accueillir. Ce n’est pas un téléphone portable qu’on achète, qu’on jette puis qu’on remplace ! C’est un engagement à long terme (prévoir une dizaine d’années de sa vie !) auquel se destine la personne visée par ce cadeau.
Disponibilité, patience, indulgence, respect, calme et constance sont les maîtres mots pour une bonne adoption… et ce n’est pas pendant les fêtes de Noël que cela peut se faire. L’animal doit réellement et profondément être désiré.
Pour être certain que la personnalité et l’apparence de l’animal correspond aux attentes de la personne (furet ? lapin ? chat ? chien ? Et quoi comme chien : Bichon ? Bull Terrier ? Labrador ? Chihuahua ? Bouledogue ?), le mieux reste d’aller chercher l’animal avec elle.
Chaque année, des milliers d’animaux cadeaux sont abandonnés. Faut-il blâmer la personne désemparée par ce « cadeau empoisonné » ou bien celle à l’origine de ce cadeau ?
Victoria Chasle Castillo
Comportementaliste
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