[voir aussi les articles "conduite agressive = chien malade ?" et "il a goûté au sang !"]
Publié dans Le Chien Magazine
La menace, qui peut aussi s’exprimer autrement que par le grognement, sert à tenir à distance un individu, à faire cesser l’action en cours et (surtout) à éviter le conflit. Il s’agit d’une demande d’arrêt immédiat de la situation. Par exemple, un animal exposé à des manipulations douloureuses ou à une situation lui rappelant des manipulations qui l’ont été, pourra manifester son refus en grognant. Si ses menaces ne sont pas prises en compte et s’il n’a pas la possibilité de fuir, le chien se verra alors contraint d’en venir à la morsure… parce qu’on l’y aura obligé ! Ne pas tenir compte d’une menace ou réprimander l’animal sous des prétextes moyenâgeux (« il faut le dominer », « un chien n’a pas à grogner », etc.) ne peut lui faire comprendre qu’une chose : ses menaces sont inutiles, le conflit reste la seule alternative. Il s’agit de communication !
Si notre chien menace le vétérinaire, c’est que la situation lui est insupportable. Certains d’entre nous pourrons facilement se mettre à sa place en pensant à la fraise du dentiste ou à la piqûre du médecin. Dans ces cas-là, une peur panique nous prend, notre estomac se noue, notre rythme cardiaque s’accélère, nous n’avons qu’une idée en tête : partir en courant de cet endroit ! Le chien ne pouvant fuir, il ne lui reste que peu de possibilités.
Un chien qui menace est un chien qui prévient.
Un chien qui menace est un chien qui "fonctionne" bien.
Il serait souhaitable qu’il ait l’opportunité de côtoyer un vétérinaire doux et respectueux de son bien-être et, ce, dès sa toute première visite. Passons notre chemin face aux professionnels douteux. Ne nous laissons pas avoir par des remarques culpabilisantes (nous sommes des « propriétaires soumis », « incapables de gérer notre animal »…) et ne tolérons pas que le professionnel en question réponde aux menaces de notre compagnon à quatre pattes. Un chien est un être vivant qui a, comme nous, le droit de s’exprimer ! Un médecin giflerait-il un enfant qui pleure ?
Si trop de mal n’a pas été fait, un vétérinaire patient et à l’écoute de ses petits protégés pourra procéder par étape en respectant la sensibilité de l’animal, et parvenir à redonner confiance à notre chien.
Si notre toutou est incontrôlable, tant ce qu’on lui a fait subir a été traumatisant, trouvons un vétérinaire compréhensif qui acceptera de nous recevoir pour de fausses visites. C’est-à-dire qu’au lieu de nous y rendre pour des soins que notre chien ne supporte pas, nous resterons simplement quelques minutes en laissant Médor tranquille (et s’il veut flairer le cabinet, personne ne l’en empêchera… tout comme personne ne le réprimandera s’il urine dans un coin). Il doit absolument (re ?)trouver confiance en ces lieux.
Si vraiment rien ne peut venir l’apaiser, muselière et contrainte restent les dernières alternatives. Inutile dans ces cas-là de rajouter du stress à l’animal en perdant son calme ou en haussant le ton...
Victoria Chasle Castillo
Comportementaliste
1001comportements@gmail.com