[Voir aussi "Il a goûté au sang !"]
Publié dans le magazine Minizoo
Le furet se sert de sa gueule pour effectuer un certain nombre d'actions : jouer, attaquer, manifester sa peur, répondre à la douleur... ses dents sont la meilleure arme dont il dispose. Mais il peut également nous mordre de façon excessive s'il perçoit notre comportement comme inquiétant.
Il y a différents types d'agression :
- Lors du jeu, ces agressions ne sont pas rares. S'il est jeune, c'est un comportement normal qu'il faut lui apprendre à atténuer. L'absence d'éducation maternelle fait que le fureton (principalement d'animalerie) ne connaît généralement pas les limites.
- Liée à la peur, c'est-à-dire si les manipulations ont été limitées, s'il est mal socialisé ou s'il est effrayé. Elle peut aussi apparaître après une expérience traumatisante.
- Liée à la prédation, c'est un comportement inné tout à fait normal chez le putois (à partir du quel le furet a été domestiqué).
- Liée à la douleur ou dite d'irritation, principalement lors des manipulations forcées.
- L'agression redirigée vers un individu qui n'est pas le stimulus d'origine (quand on sépare deux furets en train de se battre par exemple).
- Liée à la possession, quand un individu s'approche d'un objet apprécié du furet.
- L'agression maternelle qui pousse la mère à réagir à ce qu'elle considère être une agression envers sa portée.
Outre le fait de mordre, il peut également ouvrir sa gueule, feuler, pousser des cris aigus voire vider ses glandes anales s'il est réellement effrayé. En effet, la peur est le facteur principal qui engendre la morsure : un événement inquiétant, des manipulations indélicates ou une éducation brutale en sont généralement la cause. Le second facteur est le stress qui peut découler de la frustration (enfermement prolongé par exemple), des contraintes physiques dues à nos intrusions (à trop vouloir le caresser), de nos réactions vives ou bruyantes, d'un environnement inadapté...
Quoiqu’il en soit, il faut retenir qu’un animal n’agresse jamais sans raison.
Que faire alors ?
- Ne jamais introduire de punition physique, il pourrait devenir encore plus énervé et mordre plus intensément. Les pichenettes, prises par le cou, doigt enfoncé dans la gueule ou autres sanctions peuvent nettement dégrader la situation et sont généralement mal tolérés par l'animal. Ne se battent-ils pas entre eux en se prenant par la peau du cou ? Pour les adeptes de la nourriture naturelle à base de poussins par exemple, ne se jettent-ils pas sur leurs proies en essayant de les démembrer (en secouant la gueule) ? Beaucoup de furets mordent violemment, « se rebiffent » ou feulent après avoir été pris par le cou... et c'est légitime ! Cette pratique ne leur montre qu'une seule chose : nous sommes capables de leur faire mal sans raison, ils ont alors toutes les raisons de nous craindre. C'est une véritable violence faite à leur encontre, la violence engendre la violence, à l'agression répond l'agression. Le furet est un être sensible.
- Ne l'attrapons pas et ne le surprenons pas quand il dort ou qu'il se trouve dans son aire de repos. Il risquerait d'être effrayé par notre intrusion. Son aire de repos doit être un lieu de tranquillité où il peut être certain de ne pas être dérangé.
- Évitons d'être brutaux, vifs ou bruyants et faisons-lui connaître nos intentions en nous assurant de ne pas le surprendre. Parlons-lui doucement, laissons-le nous sentir et venir à nous sans le prendre, laissons-lui le choix, d'autant plus s'il est victime d'une déficience sensorielle (cécité, surdité...). Quand il aura compris qu'il n'a pas à nous craindre et que notre contact n'est pas systématiquement associé à une contrainte physique (un furet peut ne pas tolérer les manipulations), il pourra commencer à avoir confiance. N'est-ce effectivement pas la base de toute relation ?
- Soyons patients et laissons-lui du temps pour s'habituer à nous. C'est une relation à long terme que nous sommes en train de construire.
- Réalisons que la cohabitation avec d'autres espèces peut être source de stress, donc de morsures. Les considérants comme des proies (lapins, souris, rats, cochon d'Inde...) ou considéré lui-même comme en étant une (par le chien), il conviendra de les séparer durant ses heures de liberté. Les accidents qui découleraient de ces cohabitations à risques ne seraient en aucune façon dus au mauvais comportement d'un animal, mais bien à notre manque de vigilance et de responsabilité.
- Ne l'encourageons pas à jouer brutalement en le poussant ou avec les jeux de lutte. Instaurons des moments de repos pour que l'excitation puisse redescendre et, quand il mord, redirigeons-le vers un jouet.
- Anticipons afin de ne pas lui laisser la possibilité de mordre ! S'il mord une personne en particulier, arrangeons-nous pour que leurs heures de sortie ne coïncident pas.
- S'il est adulte et qu'il se met à mordre brutalement, une visite chez le vétérinaire permettra d'éliminer une maladie ou une douleur. S'il ne s'agit pas d'une raison médicale, un professionnel du comportement qui connaît parfaitement le furet peut être contacté afin de déterminer ce qui pousse l'animal à adopter ce comportement envers ses propriétaires. Chaque animal est unique par sa lignée, sa naissance, son développement précoce, ses expériences, et les conseils ne peuvent donc jamais être les mêmes.
L’agressivité du furet est souvent le fruit de notre propre conduite (ou de celles de ses anciens propriétaires), la remise en confiance est parfois longue mais ce n’est jamais désespéré.
Info !
Sensible aux odeurs, il arrive qu’il manifeste son attirance pour certains produits tels les savons ou les crèmes. La nicotine fait aussi généralement partie de ses petits faibles. Il n’est donc pas rare qu’il lèche, pince et morde la personne porteuse de ces senteurs.
Questions à se poser pour mieux comprendre les raisons de son agressivité :
- Depuis quand ce furet est-il chez nous ? Quel âge a-t-il ?
- Depuis quand mord-il ?
- Dans quelles situations ?
- Quel est son environnement ?
- Y a-t-il un nouvel individu dans la maison ? (Chat, chien, NAC, humain...)
- Son mode de vie a-t-il changé ? (Moins de temps libre, déménagement...)
- Qui le manipule et comment ?
- Quelle a été notre réaction quand il a mordu la première fois et quelles sont-elles depuis ?
Victoria Chasle Castillo
Comportementaliste
Formatrice de comportementalistes - concept inédit !