"Une invention intéressante vient de faire son apparition : un dentier pour chien, qui pourrait tout simplement permettre d’éviter l’usage de la muselière !
L’objet ressemble à un dentier fabriqué dans une matière synthétique. Il permet de neutraliser le tranchant et l’effilé des dents, tout en supprimant les troubles respiratoires, psychologiques ou autres traumatismes souvent provoqués par la muselière.
Ce dentier serait donc une véritable «Protection antimorsure». «En cas d’attaque, la denture du chien glisse donc sur la peau de la victime», explique l’inventeur. Autre atout : le moulage des protections antimorsures joue sur la forme des fausses canines pour empêcher la fermeture complète des mâchoires. Qualités décisives dans la concurrence contre la muselière : avec le dentier antimorsure les chiens peuvent jouer à la balle, boire et manger. Pas sûr tout de même que le chien puisse rogner ses jouets ou ses os…
Les nombreux tests ayant déjà été fait montrent que les chiens de toutes races s’adaptent facilement à ces dentier, et qu’ils prennent très rapidement l’habitude de partir en promenade avec.
La voie d’un triomphe commercial semble désormais ouverte pour la protection antimorsure, au grand désespoir des fabricants de muselières ?"
A l’heure actuelle, nous avons trop peu d’informations concernant ce produit pour avoir une idée précise des conséquences physiologiques qu’il peut engendrer sur l’animal.
Néanmoins, l’étude qui a été faite révèle certaines informations :
* La pose de cette applique ne se ferait pas sans difficulté. Nous-mêmes apprécions déjà difficilement un appareil dentaire, il ne peut en être autrement du chien qui choisira l’évitement. Si la fuite lui est impossible, il ne lui reste alors que la menace ou (si elle n’est pas prise en compte) l’attaque… Qui aurait alors envie d’y mettre ses doigts ?
* Une salivation excessive a été observée, signe de stress intense, et l’animal semble pouvoir l’ôter sans difficulté malgré un temps d’habituation.
* Les morsures seraient également plus sérieuses avec l’applique qui, manifestement, diminuerait l’inhibition.
Contrer les manifestations gênantes d’un animal avec un quelconque matériel de répression ne peut solutionner un problème : ce n’est pas sur les manifestations qu’il convient d’agir mais sur les causes, les raisons du malaise. Un comportement n’apparaît jamais sans raison, c’est une réponse. Par exemple, si le chien s’adonne à détruire, c’est qu’il y trouve satisfaction et que ça l’apaise au moment où il le fait. Frustration, détresse, ennuie, peur… de nombreux facteurs peuvent entrer en compte et faire tension, l’obligeant alors à adopter des comportements de compensation où il ne peut compter que sur son corps (pattes et gueule) et son environnement.
Quant à l’usage de procédés répressifs (également muselière, cage, substance médicamenteuse, collier électrique…), quelle peut être leur efficacité si l’on continue de soumettre l’animal à ce qui l’insupporte (peur, douleur, détresse…) ? Certaines méthodes peuvent aggraver l’état psychique d’un animal et déclencher d’autres comportements encore plus inquiétants voire dangereux chez un chien qui n’en manifestait initialement pas.
Rester centré sur un comportement revient à s’attaquer à la partie visible de l’iceberg, ne soulageant en rien le malaise de l’animal. Les méthodes répressives utilisées ne sont alors qu’illusion (tout comme l’est le fait de désodoriser une pièce pour en masquer une odeur nauséabonde sans pour autant chercher sa provenance !). Utiliser ce type de procédé dans la seule optique de contrer un comportement est une erreur.
Notre meilleur ami mérite-t-il d’être contraint et forcé à supporter une gêne permanente faisant intrusion à l’intérieur de sa gueule ou bien mérite-t-il que l’on fasse preuve de compréhension à son égard en tenant compte de ses motivations, afin d’agir à ce niveau-là pour qu’ainsi il n’en vienne simplement plus à produire ces comportements indésirables ?
C’est en faisant le choix d’emprunter une voie respectueuse teintée de tolérance que nous parviendrons à le comprendre et à nous faire comprendre.
Victoria Chasle Castillo
Comportementaliste
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